Un peu
d'histoire....
En 948, l'empereur germanique Conrad, nouveau suzerain de Provence, installa trois comtes sur ses terres, un à Apt (Griffon), un en Avignon et un à Arles. Guillaume, comte d'Avignon, et Roubaud, comte d'Arles, étaient frères et d'origine bourguignonne, fils de Boson II. Guillaume est connu pour avoir réuni une armée de seigneurs provençaux et chassé les sarrasins des côtes provençales en 972. Il fut alors surnommé "le libérateur" et prit le titre de marquis de Provence. De lui sont issus les premiers comtes de Provence, qui s'allièrent ensuite aux comtes de Barcelone. Roubaud, quant à lui, fut la tige des comtes de Forcalquier.
En dessous d'eux, Conrad installa deux vicomtes pour les seconder, Nivion à Cavaillon et Arlulfe à Marseille. Arlulfe est à l'origine de la dynastie vicomtale de Marseille. La participation du fils d'Arlulfe, Guillaume Ier vicomte de Marseille, à la campagne de Guillaume le Libérateur, premier comte de Provence, contre les Sarrasins installés dans le Var, fit la fortune de sa famille et est à l'origine des nombreux fiefs de la famille de Marseille dans le Var. Le second fils d'Arlulfe, Honorat, fut évêque de Marseille dès 948, et c'est à lui que l'on doit la restauration de l'abbaye Saint Victor de Marseille.
Selon certains auteurs, un troisième fils d'Arlulfe, Pons de Fos, reçut de Guillaume Ier la vicomté de la ville inférieure de Marseille en apanage héréditaire, sous la condition de reconnaître sa suzeraineté. De nos jours, les historiens penchent plutôt à rattacher l'origine de Pons de Fos à la famille des Baux et ont de fortes présomptions à le reconnaître en Pons, vicomte de Marseille en 965 auprès du comte Boson. Les successeurs de Pons de Fos, étendant la juridiction et les dépendances de ce fief, possédèrent dans la suite un territoire d’une vaste étendue. Ils devinrent maîtres d’une cinquantaine de villes, bourgs ou villages, parmi lesquels on distinguait Toulon, Hyères, Bregançon, La Ciotat, Cassis, Trets, Peynier, Aubagne, Puilobier, Fos, Roquevaire, Auriol, Roquefeuil, et bien d'autres. De lui sont descendus les seigneurs de Fos.
Durant le 11ème siècle, les seigneurs de Fos s'occupèrent essentiellement de leurs possessions de la région de Fos, au détriment d'Hyères. Placée par sa puissance et son importance féodale au rang des familles les plus considérables de la Provence, cette famille se rebella constamment contre l'autorité du comte de Provence jusqu'au milieu du 12ème siècle. Malgré tout, certains membres occupèrent le siège de l'archevêché d’Aix, dont Rostaing de Fos, archevêque d'Aix de 1056 à 1082, et un de ses petits-neveux Guy de Fos qui eut la même fonction de 1186 à 1212.
Pons IV de Fos, accompagna Raymond de Saint Gilles, comte de Toulouse, lors de la première croisade en Palestine et apposa sa signature au testament de ce prince en 1105. Amiel II de Fos "le grand marquis" résista aux armées d'Alphonse II d'Aragon, comte de Provence, vers 1200, après lui avoir rendu hommage en 1196. Roncelin de Fos fut maître des maisons de la chevalerie du Temple en Provence au milieu du 13ème siècle.
Au début du 13ème siècle, la famille de Fos était en plein déclin, et vendait ses possessions par morceaux. Une partie de Hyères et Brégançon fut vendue à la ville de Marseille (1216), une partie de la seigneurie de Fos à la famille des Porcelets et à l'archevêque d'Arles (1235) qui devinrent alors coseigneurs de Fos.
En 1257, Charles Ier d'Anjou, frère de Saint Louis, nouveau comte de Provence, revendiqua la possession de Hyères et des îles. Il exigea des seigneurs de Hyères, Roger Ier de Fos, son frère Bertrand de Fos, et leur soeur Mabille, qu'ils évacuent le château d'Hyères. A la suite d'une transaction, il obtint gain de cause mais céda en échange vingt-deux villes et villages, ainsi que la seigneurie de Bormes. Roger Ier de Fos devint alors le premier seigneur de Bormes, la Môle et Collobrières, seigneuries qui restèrent dans cette famille durant deux siècles jusqu'au dernier seigneur Rossolin V de Fos qui s'éteignit sans descendance vers 1420. Une autre branche de la famille resta possessionnée à Fos pour une partie, durant les 13ème et 14ème siècle.
Chronologie des seigneurs de Fos
La famille de Fos
apparut
dans les Landes au milieu du 13ème siècle
avec Bernard de Fos
qui résidait à Mont de Marsan en 1272.
A
la même époque, on trouvait Fray
Guillaume Arnault de Fos
« Predicator » qui figure comme
légataire dans un testament de 1270
dans la région de Gamarde, et dans le testament de Arnault
Raymond vicomte de
Tartas, en mars 1312.
Plus
tard, on
retrouve les de Fos dans le pays de Marsan
où ils sont signalés dès
1310-1344 avec Bernard de Fos, bourgeois de Mont de
Marsan, puis Arnaud
de Fos (1381). Cette famille possédait alors le
domaine de Hos près de
Villeneuve de Marsan. Ils portaient les armes de la maison de Fos en
Provence
« Blason de gueules
au lion
d'or », et possédaient des actes d'Arles,
maison de Fos, ce qui permet de
supposer que les de Fos des Landes descendaient bien des seigneurs de
Fos, même
si on ne connaît pas le détail de leur filiation. Au
début du 16ème
siècle,
plusieurs de Fos habitaient Villeneuve de Marsan et Saint Cricq
où existait une
maison dite « de Fos »,
possédée en 1524 par Fortaner de Fos.
Johan de Fos
dit le vieux (1491-1563)
fut bourgeois de Mont de Marsan en 1537, jurat de la même
ville en 1552 et
1563. De sa femme Sarrancine de Solhebielle, il eut comme fils Jehan de Fos (†1579), Seigneur de
Bernède, procureur du roi de
Navarre en Marsan. Ce dernier épousa en 1538 Marguerite de
Mérignacq et fut le père entres autres de Lucq
de Fos
(†1618),
écuyer, seigneur de Bernède, homme
d’armes de la Compagnie du Seigneur de
Poyanne, et Jean de Fos, qui
épousèrent en 1579 deux sœurs,
Madeleine et
Marie du Junca.
Lucq de Fos eut trois fils :
Fabian mort au siège de Nérac en 1621 et qui eut une descendance jusqu'à Pierre-Orens Pujolé-Juliac, vicomte de Juliac (†1817),
Jehan (1590-1656), avocat au présidial de Dax
Blaise (1600-1680), écuyer, seigneur de Novielle.
Jean et Blaise épousèrent en 1622 et 1630 deux sœurs, Claire et Françoise du Haa. La famille du Haa possédait la seigneurie du Rau, à Gamarde près de Dax, seigneurie qui existait depuis le début du 14ème siècle et avait appartenu auparavant aux seigneurs de Poyanne. Le fils aîné Pierre du Haa étant mort au service de Louis XIII au siège de La Rochelle en 1627, Claire du Haa, sa sœur, hérita de la seigneurie. Les caveries du Rau et de Castagnet, ainsi que de la terre du Haget, formaient un seul tenant correspondant environ à 25 métairies. Jehan de Fos en épousant Claire du Rau fonda la famille Defos du Rau. Blaise de Fos et Françoise du Haa eurent aussi une descendance à laquelle fut transmis le domaine de Hos.
Le
fils de Jehan de Fos et Claire du Rau, Pierre de Fos du Rau (1624-1698),
fut condamné en 1666 comme usurpateur de noblesse
à payer une amende de 800
livres. Son fils Jean de Fos du
Rau
(1661-1739), écuyer, seigneur du Rau, fit
néanmoins enregistrer ses armoiries en
1698 à l’armorial général de
France : « D’azur à un
chevron d’argent,
accompagné de trois roses du
même ».
Le fils de Jean, Alexandre de Fos du Rau (1690-1774), fit une demande de réhabilitation de noblesse auprès du cabinet des titres du Roi, en 1762, en fournissant l'ensemble des titres qu'il avait pu réunir. Cette demande étudiée par Chérin fut rejetée.
La seigneurie du Rau resta dans la famille Defos du Rau jusqu'à la fin du 19ème siècle où Léon Henri Defos du Rau, dernier membre de la famille Defos du Rau à avoir habité le château du Rau à Gamarde, mourut en 1889 sans enfants. Ses possessions furent alors partagées entre la famille de son père et celle de sa mère.