ACTES CONCERNANT LES SEIGNEURS DE FOS ET HYERES

 

Acte de 1219 (27 juin)

 

« Par cet acte public, qu’il soit connu de tous que des procès et des discords existaient entre nous Amiel de Fos, d’une part, et les recteurs de Marseille de l’autre, de ce que moi Amiel je demandais aux susdits recteurs la troisième partie par indivis du castel de Brégançon. De même je me plaignais en disant que les susdits recteurs m’inquiétaient et me troublaient en mon domaine et ma seigneurie du château d’Hyères et dans mon ténement. Ces motifs et d’autres encore excitaient mes rancunes et celles des miens contre les Marseillais.

 

Les susdits recteurs au nom de la susdite université se plaignaient aussi de moi, Amiel, ils disaient et assuraient que l’université Marseillaise avait reçu de Raymond Geoffroi, jadis seigneur d’Hyères, tout le domaine, toute la seigneurie, toute la juridiction et enfin tous les droits qu’avait Raymond Geoffroi sur le susdit castel d’Hyères et sur le castel de Brégançon, et ils ajoutaient qu’ils étaient troublés et inquiétés par moi dans leurs possessions ».

 

Après avoir formulé ainsi les plaintes des deux parties, Amiel de Fos abandonne à l’université marseillaise tout droit sur ces deux castels, qu’il avoue avoir été cédés par Raymond Geoffroi à la communauté de Marseille, s’engageant en son nom et au nom de ses descendants à maintenir cette renonciation pour laquelle il exige cependant la somme de 5000 sous royaux couronnés, ce qui lui fut accordé. Le marseillais qui traita avec Amiel s’appelait Guillaume Marino. Il avait reçu ses pouvoirs des recteurs de la confrérie du Saint Esprit.

 

« Fait à Hyères dans l’église de Saint Paul. Les témoins à ce priés ont été Marius Dalmacius, Pierre Amiel, Isarn Calvet de Castris, Hugues Foulque, Symon Berard, Béranger d’Orto, Philippe Anglic, Pierre Cepon, etc. Mais moi Hugues Robin, notaire public à Marseille, ait assisté aux choses susdites et par l’ordre du recteur susdit (Guillaume Marin), et d’Amiel de Fos, j’ai écrit cette charte et je l’ai signée ».

 

Histoire de la commune de Marseille

Histoire Analytique et chronologique des actes et délibérations du corps et du conseil de la municipalité de Marseille du Xe siècle jusqu’à nos jours

Par Louis Méry archiviste de la ville, inspecteurs des monuments historiques des départements des Bouches du Rhône et du Gard

& F. Guindon, attaché aux Archives

Marseille 1841

P. 269-270-271

 

 

Acte de 1221 (5 novembre)

 

Cet acte a été passé l’an du seigneur 1221 dans le mois de novembre le jour de vendredi le lendemain de la fête de tous les saints. Il commence ainsi :

 

« Comme des disputes s’élèvent entre les hommes de Marseille d’une part et les hommes du castel d’Hyères de l’autre, au sujet des dommages qu’ils se sont tour à tour faits les uns aux autres »

 

Il plut alors à Raymond Caminali, à Raymond Abelle, à Guillaume de Castellane, qui, à cette époque, remplissaient à Marseille les fonctions de recteurs, à Augier de Mari, à Pierre le Marseillais, à Lombard, à Bassaco, à Guillaume Vivaud Moscheto, à Aubert le Pisan, à Martin Castane, à Pierre d’Auriol, citoyens de Marseille, d’une part, agissant en leur nom et au nom de l’université de Marseille, et d’autre part à Amiel de Fos et à Roger son fils, seigneurs du castel d’Hyères, à Raymond de Mura, à Guillaume Raymond, à Foulques, à Guillaume Rebullon, à Pierre Léon, à Pierre Hélène, à Pierre de Melgorio, à Hugues de Cainosco, du susdit castel d’Hyères, agissant en leur nom et au nom de l’université de ce castel, de choisir Anselme de Fer, de Marseille, comme juge de leurs controverses, afin qu’il informât sur leurs rancunes, auquel ils accordèrent un plein pouvoir, pour prononcer sur ces mêmes rancunes et ces torts réciproques. Ils jurèrent de se conformer à l’arrêt d’Anselme, et d’opérer les restitutions que celui-ci déterminerait. Ceux d’Hyères promirent même de se mettre en otages. On se réunit de part et d’autre, à cet effet, au village de Six-Fours.

 

Alors, Anselme, dans la salle du château de Six-Fours, en présence de nicolas de Saint Sauveur, citoyen de Marseille, député de cette commune, et du seigneur Carvelaire d’Ozano, podestat de Marseille, qui déclara que ses concitoyens se conformeraient à tout ce que ce même Anselme déciderait sur les griefs des deux parties, entendit les raisons données des deux cotés, et ordonna qu’Amiel de Fos et Roger son fils eussent à payer à Nicolas, présent, recevant en son nom et au nom de l’université de Marseille, dans l’espace de quinze jours à compter de la Saint Martin, 3850 sous royaux ; voulant que si au terme fixé, la somme n’était pas remise, les otages d’Hyères fussent retenus dans le château de Six-Fours. Il estima les dommages des Marseillais commis sur ceux d’Hyères à 1152 sous royaux.

 

Cet acte fut écrit à Six-Fours au bas du château, dans la salle neuve, par Guillaume de Tarascon, écrivain, d’Anselme qui le scella de son sceau, en présence de Jean de Saint-Maximin, avocat, de Raymond de Sollier et de plusieurs autres témoins.

 

Histoire de la commune de Marseille

Histoire Analytique et chronologique des actes et délibérations du corps et du conseil de la municipalité de Marseille du Xe siècle jusqu’à nos jours

Par Louis Méry archiviste de la ville, inspecteurs des monuments historiques des départements des Bouches du Rhône et du Gard

& F. Guindon, attaché aux Archives

Marseille 1841

P. 285-286-287

 

 

Acte de 1223 (août)

 

Voici un acte fort étendu auquel donnèrent lieu les querelles sans cesse renaissantes qui existaient entre les hommes de Marseille et ceux d’Hyères et de Brégançon. On essaya de les assoupir par un nouveau compromis dans lequel intervinrent d’importants personnages.

 

C’est l’an du seigneur 1223, la dixième indiction, le 7 des ides d’août, que cet acte fut dressé ; il commence ainsi :

 

« Qu’il soit connu de tous, tant présens que futurs, que des querelles et des désaccords existaient entre les seigneurs d’Hyères et Amiel de Fos, Bertrand de Fos, Guitton de Fos, dame Mabile, enfants d’Amiel, Béranger, dame Raymonde, sa femme, Guidon Camarlene, Guitton de Garde, Pons de Fos, et autres militaires et hommes du même château, d’une part, et Charles de Mari et Raymond Isnard, syndics de la commune ou université de Marseille, au nom de la dite commune ou université de Marseille d’autre part.

 

Ceux-ci soumirent leurs différends au jugement d’Etienne, évêque de Toulon, et de Carvelaire de Ozena, podestat de Marseille, et convinrent de s’y conformer sous peine de payer une amende de 1000 livres royales couronnées.

 

L’évêque et le podestat entendirent les parties et commencèrent à ordonner que les gens d’Hyères protégeraient à l’avenir, dans leurs personnes et leurs biens, ceux de Marseille, et que cette protection s’étendrait aux hommes du castel de Brégançon. Ils enjoignirent aux hommes de Marseille d’en faire autant à l’égard de ceux d’Hyères. Les mêmes clauses furent établies en faveur et à la charge des hommes du castel de Brégançon.

 

Le jugement d’Anselme de Fer prononcé à Six-Fours fut rappelé et les nouveaux arbitres ordonnèrent qu’il sortît son plein et entier effet.

 

L’évêque et le podestat ordonnèrent des indemnités relativement aux rapines que les seigneur et les hommes d’Hyères avaient exercés récemment sur les Marseillais, au lieu de Brégançon et qui s’élevaient à la somme de 800 livres royales couronnées, et qu’il en fut de même de celles dont les Marseillais s’étaient rendus coupables envers un nommé Raymond ».

 

Cet acte qui contient d’autres choses d’un intérêt médiocre, fut passé au Castellet, dans le cloître de l’église de Saint Sauveur. Guillaume de Bellomonte, notaire public à Marseille, le rédigea.

 

Histoire de la commune de Marseille

Histoire Analytique et chronologique des actes et délibérations du corps et du conseil de la municipalité de Marseille du Xe siècle jusqu’à nos jours

Par Louis Méry archiviste de la ville, inspecteurs des monuments historiques des départements des Bouches du Rhône et du Gard

& F. Guindon, attaché aux Archives

Marseille 1841

P. 290-291-292

 

 

Acte de 1235 (21 aout)

 

Bertrand de Fos, ses sœurs Cécile, Huguette et Mabile, enfants de feu Amiel II, vendent à parts égales à l’archevêque d’Arles et à Bertrand Porcelet la totalité de leurs biens seigneuriaux de Fos. En présence de Roger de Fos, Isnard d’Entrevennes

 

Gallia Christiana Novissima (Chanoine J.H. Albanès, 1895, BNF Gallica) : La France pontificale, histoire chronologique et biographique des archevêques et évêques de tous les diocèses de France depuis l'établissement du christianisme jusqu'à nos jours divisée en 17 provinces ecclésiastique

Tome 3 "Arles (archevêques, conciles, prévôts, statuts)"  Acte en latin, page 389, n° 1002, 1003, 1004

 

 

 

Acte de 1257 (15 octobre)

 

L’an de l’incarnation de Jésus-Christ 1257 (15ème indiction), le 18ème des calendes d’octobre, qu’il soit notoire à tous, présents et à venir, que des contestations s’agitaient entre très excellent seigneur Charles, fils du roi de France, comte d’Anjou, de Provence et de Forcalquier, et marquis de Provence, tant en son nom qu’en celui de dame Béatrix, comtesse, son épouse, fille et héritière de feu seigneur Raymond-Béranger, comte et marquis de Provence et de Forcalquier, d’une part ;

Et le seigneur Roger d’Hyères, Bertrand de Fos et la dame Mabile de Fos, enfants d’Amelin de Fos, d’autre part ;

 

Sur ce que les susdits seigneurs de Fos Roger et Bertrand, et la dame Mabile disaient que Raymond Gassol, bailli du dit comte Charles dans le château d’Hyères, leur avait fait ainsi qu’à leurs parents des injures et dommages, en les dépouillant de certains droits qu’ils ont, de temps immémorial, dans les tènements de Bormettes, Château Neuf de Fenouillet, Vieille Ville d’Arenc et Rogurta, et autres biens dans le territoire d’Hyères, etc. C’est pourquoi ils demandaient réparation et restitution de ce dont ils avaient été dépouillés.

 

Et au contraire, Séverin de Nice, jurisconsulte, procureur du comte et de la comtesse, prétendait que cette restitution ne devait pas avoir lieu, parce que les tènements susdits appartenaient par moitié au seigneur Comte ; qu’ils n’avaient aucun droits sur les choses susdites et qu’aucune restitution ne devaient leur être faite ; au contraire le dit procureur, au nom du comte et de la comtesse, prétendait, pour tout le droit qu’ils pouvaient avoir dans le château d’Hyères et ses dépendances, contre les seigneurs Roger, Bertrand et Mabile, et aussi contre la dame Huguette et Geoffroi Irat, que le château d’Hyères, avec la ville, son territoire, les îles de la mer, leurs terres et appartenances, en pleine juridiction et en tous droits, avaient appartenu aux prédécesseurs de la dite comtesse ; que le seigneur Ildephonse, comte de Provence, et le seigneur Ildefonse, roi d’Aragon, ayeuls de la Comtesse, en avaient joui paisiblement, ainsi que Raymond Béranger, Comte et Marquis de Provence, père de la dite Comtesse, auquel elle avait succédé, comme son héritière ; c’est pourquoi le château d’Hyères appartenait, par droit d’héritage, à la dite Comtesse et à son époux le Comte Charles, auquel elle l’avait apporté en dot.

 

Le dit procureur disait encore que, comme le comte Ildefonse tenait paisiblement le château d’Hyères, le seigneur Amiel de Fos, ses enfants, et Raymond Geoffroi et Geoffroi Irats, son fils, vinrent l’y attaquer avec des hommes armés, assiégèrent la forteresse, battirent même le comte Ildefonse, et le dépouillèrent violemment de la possession du château d’Hyères, de la ville et de ses dépendances ; c’est pourquoi le dit procureur demandait qu’il fut ordonné que Roger, Bertrand et Mabile, Huguette et Geoffroi Irat fussent privés de tous droits non seulement sur le château d’Hyères, la ville et leurs dépendances, mais encore sur toutes les autres choses qu’ils tenaient dans le comté de Provence, qu’il disait être tombées en commis entre les mains du Comte et de la Comtesse, à cause de l’offense faite à Ildefonse.

 

Roger et Bertrand répondaient que cela ne devoit pas avoir lieu.

 

Sur ces contestations, le Comte du consentement de Roger, de Bertrand de Fos et de Geoffroi Irat, avait établi Pierre, évêque de Nice, et Robert de Lavéna, professeur de droit, pour examiner l’affaire et en faire le rapport à la Cour du Comte ou à tout autre Cour Royale, à l’abri de tout soupçon, pour être ordonné ce que de droit.

 

Les susdits Roger, Bertrand, et Mabile implorèrent miséricorde et demandèrent humblement qu’il fut fait entre eux un accord et non un jugement. Le Comte et la Comtesse accédèrent à leurs prières et à celles de plusieurs autres seigneurs, et spécialement des évêques de Fréjus et de Nice, de Rostaing d’Agoult, de Robert de Lavéna, d’Arnaud de Villeneuve ; bien que le droit du comte et de la comtesse fut démontré, et spécialement au sujet de l’expulsion par violence du comte Ildefonse du château d’Hyères ; et tout d’après l’aveu des dits seigneurs Roger et Bertrand de Fos, que d’après le témoignage de témoins produits par les deux parties ; par l’intervention des dits évêques et seigneurs, du consentement de chaque partie, avec les dits Roger et Bertrand de Fos, frères, et les dits procureurs de la dame Mabile, sont convenus avec le dit seigneur comte et la dame comtesse, de cette façon, savoir :

 

« Le château d’Hyères, la forteresse, la ville, les territoires et les îles, avec toutes leurs appartenances de terre et de mer et la pleine juridiction et seigneurie des hommes, pour deux parts que les dits Roger, Bertrand et Mabile avaient ou paraissaient avoir sur le dit château, seraient remis aux dits seigneurs Comte et Comtesse, pour en jouir et les posséder, eux et leurs héritiers en plein droit ; que les dits Roger, Bertrand et Mabile de Fos dégageront tous les nobles et autres hommes du dit château du serment de fidélité et hommage dont ils étaient tenus envers eux, de telle sorte qu’à l’avenir ils en seront tenu envers le dit Comte et la dame Comtesse et leurs héritiers ; cependant, avant que le château et la ville soient restitués au seigneur Comte et à la dame Comtesse, ils donneront et départiront savoir, aux seigneurs Roger et Bertrand de Fos, et à la dame Mabile, telle terre ayant pleine seigneurie qui vaille, chaque année, 10.000 sous provençaux en revenus ; savoir au seigneur Roger de Fos, cinq mille sous provençaux, et à la dame Mabile 125 livres provençales, et au seigneur Bertrand de Fos 125 livres provençales ; et ainsi la tiendront librement les dits Roger, Bertrand et Mabile de Fos, sous la dominie et seigneurie des dits seigneurs Comte et Comtesse et leurs héritiers, comme ils tenaient le château d’Hyères, c'est-à-dire, de faire pour les terres qui leur seront données, foi et hommage, de servir les cavalcades, donner secours en plaids et en guerre. Ils auront cependant pleine juridiction, avec le mère et mixte empire et toute seigneurie sur les dites terres.

 

Et en outre le Comte et la Comtesse seront tenus de donner aux dits Roger, Bertrand et Mabile de Fos, en argent comptant, 1.500 livres provençales à partager entre eux, en déduisant des 1.500 livres les quantités et contingent revenant à Geoffroi Irat et à la dame Huguette, pour les portions ou la juridiction qu’ils avaient dans le dit château et son territoire.

 

De plus, le seigneur Comte et la dame Comtesse ont remis à Roger, Bertrand et Mabile de Fos, toute offense faite aux seigneurs Ildefonse ou Raymond Béranger à quelqu’occasion que ce fut ; ils leur ont remis également toute offense que les hommes nobles ou militaires auraient faite aux dits seigneurs Comtes. Le dit seigneur Comte et la dame Comtesse ont promis que les nobles et militaires d’Hyères seraient maintenus dans les mêmes franchises que les autres nobles et militaires de provence. Ont également promis les dits Comte et Comtesse aux dits Roger, Bertrand et Mabile de Fos, et aux fils de la dame Mabile, que s’ils ne pouvaient donner les dites possessions dont ils puissent avoir les 10.000 sous susdits, ils devront, pour ce qui manquerait aux revenus, donner pour chaque sou une livre, desquelles sommes ils pourront acheter des possessions ou revenus ou châteaux ou juridictions ou fiefs, ou arrière-fiefs ou seigneuries des dits Comte et Comtesse, jusqu’à la quantité qui aurait du leur être donnée en argent ; sans avoir pour ces acquisitions à payer aucun droit de lods ou trezain, etc.

 

Fait dans le palais du seigneur Comte, à Tarascon, dans la grande salle, en présence et témoignage du seigneur B…, évêque de Fréjus, de Guillaume Antoine, prévôt de Fréjus, et de dix sept autres témoins nobles et chevaliers, et du notaire Gasel de Marseille, qui signa la dite charte de son seing.

 

HYERES ANCIEN ET MODERNE Par A. Denis - 1850

 

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