I. ROTBOLD, Ier du nom, de la race comtale d'Arles, pendant la minorité et l'aveuglement de l'empereur Louis prit part à l'administration de ses Etats. Selon l'historien Bouche, il épousa une des filles du roi Boson qui avait été d'abord fiancée à Carloman, roi de Guienne, fils de Louis le Bègue, mort peu de temps après. De cette alliance il aurait eu, suivant le même auteur deux fils :

1.      BOSON que les auteurs provençaux appellent Boson Ier. Ce seigneur posséda le comté d'Arles héréditairement par l'ancienne coutume des capitulaires. Il épousa Berthe, nièce de Hugues roi d'Italie qui ne lui donna pas d'enfants.

2.      ROTBOLD, qui suit.

II. ROTBOLD, Ile du nom, comte d'Arles, succéda à Boson, son frère, vers l'an 944, dans le comté d'Arles, qu' il gouverna jusqu'en 948, époque de sa mort.

Il laissa deux fils :

1.      BOSON qui suit,

2.      GUILLAUME, comte de Forcalquier et de Venaissin, qui, étant mort sans postérité d'Arsinde sa femme, laissa ses États à son frère.

III. BOSON II, comte d'Arles et de Provence en 948, avait une autorité reconnue ou prétendue du littoral de Marseille jusqu'a Fréjus et sur tous les comtés des deux provinces ecclésiastiques d'Arles et d'Aix, comme fief relevant de la Bourgogne transjurane. Il mourut avant l'année 968, laissant de Constance sa femme, trois fils :

1.      GUILLAUME qui lui succéda ;

2.      ROTBOLD, comte de Forcalquier et de Venaissin, qui seconda Guillaume I, son frère, dans l'expédition contre les Maures. Il mourut vers l'an 1008, avant eu d'Hermengarde, sa femme, un fils et une fille.

GUILLAUME, son fils selon de Ruffi, lui succéda dans le comté de Forcalquier, et fut comte de Die par son alliance avec Alaris, comtesse de Die, et qui fut sa seconde femme. Il eut trois fils et une fille:

a. BERTRAND comte de Forcalquier, d'Avignon, de Montfort et d'Ambrun, qui transmit à sa postérité le comté de Forcalquier, qui fut réuni à celui de Provence par le mariage de Garsende de Sabran, petite-fille de Guillaume VI, dernier comte de Forcalquier, mort en 1208, avec Alphonse II, comte de Provence,

b. GEOFFROI, surnommé Ponce, qui fut comte de Die qualité qui lui est donnée dans un acte de l'an 1053. Il eut pour successeur Isoard, son fils, qui fit le voyage de la terre sainte avec Godefroi de Bouillon. Celui-ci fut père de deux fils :

I. ISOARD, qui fut comte de Die en 1155 et qui n'eut qu'une fille qui porta ce comté à Guillaume, comte de Poitiers et de Valentinois. Le comté de Die fut vendu, en 1404, par Louis de Poitiers, au roi Charles VI, qui l'annexa au Dauphiné;

II. JOSSERAND, seigneur de Luc et autres places, qui est regardé comme la tige de la maison d'ARTAUD de MONTAUBAN.

c. GUILLAUME de Forcalquier,

d. ETIENNETTE, mariée à Guillaume le Gros, vicomte de Marseille.

3.      PONS, qui fut la tige des Vicomtes de Marseille dont la descendance sera rapportée.

IV. GUILLAUME Ier ne porta d'abord que le titre de comte d'Arles mais la destruction des Maures étendit son titre et son autorité. Rotbold, son frère, ayant attaqué ces barbares sans les vaincre, Guillaume marcha contre eux en personne en 972, les battit, rasa leur château de Fraxinet et les réduisit la servitude. Le roi Conrad le Pacifique lui ayant donné les terres en­levées aux Maures, il s'occupa de rétablir les villes de Saint­-Tropez,  de Toulon, et de Fréjus, qu'ils avaient détruites, et de partager les campagnes entre les seigneurs. Ce beau triomphe porta bien haut le nom de Guillaume Ier; la Provence reconnaissante lui donnera le titre de Grand, de Prince très chrétien, et de Père de la patrie. Guillaume le Grand mourut, sous l'habit de moine, à Avignon, en 992. Saint Mayeul, abbé de Cluny, avec lequel il était lié d'une étroite amitié, l'assista dans ses derniers moments. Son corps fut porté à Sarrian, au delà de la Durance.

D'Adelais, sa femme, il eut un fils qui lui succéda

GUILLAUME II. qui suit

V. GUILLAUME II, comte de Provence, étant encore mineur à la mort de son père, Rotbold, son oncle, administra ses Etats. Guillaume, par le décès de Rotbold, qui, depuis   la majorité de son neveu, avait partagé avec lui le souverain pouvoir, rentra dans la pleine possession de la seigneurie à l'exclusion de Guillaume, son cousin, fils de Rotbold. Ce prince faible et d'une piété aveugle mourut en l'année 1018, et fut inhumé au monastère de Mont­majour. Il avait épousé Gerberge de Bourgogne, fille d'Otte­-Guillaume, comte de Bourgogne, de laquelle il eut deux fils.

VI. Comme Guillaume III, dit aussi Guillaume-Bertrand, et Geoffroi son frère, étaient mineurs, Adélàïs, leur aïeule, et Gerberge, leur mère, exercèrent pour eux l'administration du comté. Le puîné eut les mêmes droits que l'aîné; on leur fit partager le pouvoir sans diviser le territoire. Ces deux princes profitèrent de la faiblesse de Rodolphe III, dit le Fainéant, leur seigneur suzerain en sa qualité de roi d'Arles, pour raffermir le sceptre dans leurs mains, comme s'ils ne l'eussent tenu que de Dieu et de leur épée. En 1045, ils donnèrent à l'évêque de Vaison la moitié de sa ville épiscopale.

Guillaume III mourut en 1053. Geoffroi, restant seul comte, associa au pouvoir les deux fils de son frère, Geoffroi II et Guillaume IV. Depuis la conquête de l'ancienne ville d'Antibes ces princes gouvernaient en suzerains dans toute l'étendue des provinces d'Arles, d'Aix et d'Embrun. Ils se qualifiaient comtes par la grâce de Dieu et battaient monnaie à leur effigie. Par le partage, Geoffroi conserva les droits ou les pré­tentions des comtes d'Arles sur le pays d'entre la mer, le bas Rhône, la Durance et les Alpes, c'est à dire dans la Provence orientale, et ses deux neveux reçurent les droits ou les prétentions de leur race sur la contrée d'entre la Durance, le Rhône et l'Isère, c'est à dire dans la Provence occidentale.

Alors ceux-ci chassèrent d'Avignon la famille vicomtale établie en sous ordre par Guillaume le Grand ou ses successeurs, prirent le titre de marquis de Provence, comtes d'Avignon, et placèrent dans cette ville le siège de leur puissance.

En 1063 Geoffroi, marquis de Provence orientale, mourut, laissant d'Etiennette, sa femme,  un fils, Bertrand II, qui lui succéda, et une fille, Gerberge, que nous verrons régner après son frère.

Dans la Provence occidentale, Adélais, fille du comte d'Avignon Guillaume, mort en 1083, et héritière tant de celui-ci que de son oncle Geoffroi (d'Avignon) décédé en 1094, porta son fief à son époux Ermengaud comte d'Urgel, de la maison des comtes de Barcelone en Espagne.

Dans la nouvelle lutte entre le sacerdoce et l'empire, Bertrand II prit une part active à la querelle des investitures qui divisa le pape Grégoire VII et l'empereur Henri IV. Cette lutte amena pour les deux marquisats de la Provence orientale et occidentale un temps d'anarchie qui ébranla l'autorité des comtes et agrandit l'autorité de leurs feudataires.

Ce fut  dans ces circonstances qu'Aycard, de la maison vicomtale de Marseille, archevêque d'Arles, chercha à délivrer sa ville primatiale du pouvoir des comtes. Il embrassa le parti de l'empereur pour s'opposer au comte d'Arles, zélé partisan du pape, et appela contre lui les vicomtes de Marseille ses parents, et le comte de Toulouse Raymond de Saint Gilles. Bertrand, voyant un des seigneurs de Marseille prendre le titre de comte d'Arles, et le comte de Toulouse occuper le territoire provençal, se serra davantage autour du pontife romain. Il fit hommage de tout son fief en 1081 au pape Grégoire VII, envers lequel il avait une aveugle soumission. Néanmoins, le prélat d’Arles, bravant l’excommunication fulminée contre lui, tint tête à l’orage, et le marquis de Provence fut définitivement chassé de sa ville capitale.

Les mêmes évènements qui atteignaient la maison comtale d’Arles frappèrent aussi les comtes d’Avignon qui, forcés d’abandonner leur capitale et ne pouvant entrer dans la ville épiscopale de Sisteron, commencèrent à habiter le château de Forcalquier. Adélaïs, femme du comte d’Urgel, régnait alors dans la Provence occidentale.

A la mort, sans postérité, de Bertrand II, comte d’Arles, marquis de Provence, arrivée en 1092, après un règne de 29 ans, Etiennette, sa mère, s’empara de la régence qu’elle retint pendant trois ans, c’est à dire jusqu’à sa mort. Puis on vit régner ensemble Gerberge, sœur de Bertrand, et le mari de celle-ci, Gilbert, surnommé le Bon, vicomte de Gévaudan et seigneur de Milhaud, que l’on suppose avoir assisté à la première croisade. Gilbert et Gerberge eurent deux filles, Etiennette et Douce. Etiennette épousa le seigneur des Baux, auquel elle apporta en dot un grand nombre de châteaux et de domaines. Douce fut mariée à Raymond-Béranger IV, comte de Barcelone. Après la mort de Gilbert arrivée en 1109, Gerberge, sa veuve, céda à Douce la Provence orientale. Celle-ci, par acte du 13 janvier 1115, en investit Raymond-Béranger, son époux.

Ainsi la Provence fut possédée toute entière par la maison de Barcelone, issue de Geoffroi, surnommé le Velu, comte de Barcelone sous Charles le Chauve. Raymond-Béranger III (de Provence), dernier comte de cette maison, étant mort le 9 août 1245 ne laissant que quatre filles, Béatrix, la dernière, porta ce comté en dot à Charles de France, comte d’Anjou, frère du roi Saint Louis, dont les descendants l’ont possédée jusqu’en 1481, époque à laquelle mourut sans postérité Charles du Maine, neveu du roi René, qui, par son testament, donna la Provence et tous ses Etats au roi de France Louis XI, et à ses successeurs.

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