G E N E A L O G I E
HISTORIQUE
DE LA MAISON DE FOS
ISSUE
DES VICOMTES DE MARSEILLE,
DES COMTES D'ARLES ET DE PROVENCE
Issue
des vicomtes de Marseille qui ont les comtes souverains d'Arles et de Provence
pour aïeux, la maison de Fos est sans
contredit du petit nombre de ces anciennes familles encore existantes qui
puissent prétendre à la plus antique et
à la plus illustre origine.
Les commencements de l'histoire du grand fief
connu sous le nom de comté d'Arles, comté de Provence et marquisat de Provence,
sont entourés d'une obscurité qui à partagé le sentiment des historiens. Selon
quelques-uns, les comtes de Provence
seraient descendus en ligne féminine de Boson, premier roi d'Arles.
Vers le milieu du 10ème siècle ils étendirent leur titre et leur autorité , et leur nom devint la terreur des infidèles. Guillaume Ier, comte d'Arles, fils de Boson II, par ses victoires sur les ennemis du pays qu'il réduisit à la servitude et par la sagesse de son gouvernement, mérita justement les titres de grand, de prince très chrétien, de père de la patrie ; elles l'autorisèrent à se qualifier marquis de la province d'Arles, marquis de Provence, prince de toute la Provence.
Pons Ier, troisième fils de Boson II, reçut de ce même Guillaume, son frère, le vicomté de la ville inférieure de Marseille en apanage héréditaire, sous la condition de reconnaître sa suzeraineté. Ses successeurs, étendant la juridiction et les dépendances de ce fief, possédèrent dans la suite un territoire d’une vaste étendue. Ils devinrent maîtres d’une cinquantaine de villes, bourgs ou villages, parmi lesquels on distinguait Toulon, Hyères, Six-Fours, Olières, Soliers, Bregançon, La Ciotat, Cassis, Ceyreste, Trets, Belcodenes, Porrières, Peynier, la Cadière, le Castellet, le Bausset, Aubagne, Puilobier, Alauch, Fos, Saint-Julien, Saint-Marcel, Roquevaire, Auriol, Puipin, Saint Savournin, Cujes, Signe, Juillans, les Penes, Venel, Gardane, Colongne, Cabris, Trebillane, Cignac, les Martigues, Chateauneuf-les-Martigues, la Tour-d’Embouc, Fez, Roquefeuil, Rousset, Chateauneuf le Rouge, Fuveau, Gréasque, Mimet, Pechauris et Ners.
Mais les vicomtes de Marseille virent leur pouvoir s’affaiblir insensiblement, et il y eut de leur faute, dit un historien, car leur caractère propre fut une dévotion sans lumières et sans bornes. La souveraineté de l’évêque ayant suivi de près dans Marseille la souveraineté des vicomtes, ces deux puissances se partagèrent la ville, d’où provinrent deux fiefs et deux villes : la supérieure possédée par l’église, et l’inférieure possédée par les vicomtes. Mais les seigneurs s’étaient continuellement affaiblis par la division du pouvoir, si bien qu’en 1170 on voyait cinq vicomtes, Hugues-Geoffroi III, Guillaume le gros, Barral, Raymond-Geoffroi et Roncelin, tous fils de Hugues-Geoffroi II. En outre, les vicomtes n’avaient point empêché les conseils de ville. Le peuple tira parti de ces circonstances et organisa la commune en dehors du fief sous le nom de confrérie du Saint-Esprit et l’autorité des confrères recteurs. Il régla, dans son seul intérêt, la paix, la guerre et les alliances, ne laissant aux vicomtes qu’une portion des droits domaniaux et de la justice. Ces fiers et riches marchands de la ville inférieure conçurent l’idée de se rendre libres et de joindre la seigneurie à la commune, en traitant avec les seigneurs. Ancelme, gentilhomme Marseillais, vendit quelques droits qu’il avait acquis du vicomte Roncelin (1211). Roncelin même, sans tenir compte d’une donation qu’il avait faite à Saint Victor, céda sa part (1213). Bientôt sont frère Raymond-Geoffroi et sa nièce Adalasie, femme de Raymond des Baux, fille et héritière de Hugues-Geoffroi, suivirent son exemple. Hugues des Baux, mari de Barrale, fille et héritière de Barral, à qui les citoyens avaient prêté de grandes sommes, les paya avec sa part de seigneurie (1214). Restait Mabile, femme de Gérard Adhémar, fille de Guillaume le gros. Celle-ci d’un caractère altier, ne pouvait souffrir qu’on parlât de vendre un si noble héritage. Enfin, partie par supplications, partie par menaces, elle se rendit au vœu public . Dès ce moment commença dans la ville inférieure la seconde république de Marseille.
Les vicomtes de Marseille faisaient leur demeure habituelle au château de Fos, situé sur l’étang de Berre ; c’est là qu’ils souscrivirent la plupart de leurs actes ; car ils ne se rendaient à Marseille que pour les affaires majeures de leur gouvernement. Leur séjour continuel au château de Fos leur fit donner ce dernier nom, et l’on rencontre constamment cette dénomination : Pons de Fos, Guillaume de Fos, etc. , vicomtes de Marseille. Ce nom de Fos, devenu patronymique dans toutes les branches issues des vicomtes de Marseille, fut définitivement adopté par Pons IV, vicomte de Marseille par indivis, qui se qualifiait seigneur de Fos, d’Hyères, d’Aix, de Cuers et de la Garde.
Placée par sa puissance et son importance féodale au rang des familles les plus considérables de la Provence, cette maison contracta toujours des alliances illustres.
Les membres de cette ancienne famille occupèrent pendant trois siècles les sièges des archevêchés et évêchés d’Arles, d’Aix, et de Marseille. Aycard de Fos, des vicomtes de Marseille, et Pons de Fos, son neveu, se croisèrent et accompagnèrent Raymond de Saint Gilles en Palestine. Les mêmes apposèrent leurs signatures au testament de ce prince, fait en 1105 au Mont-Pèlerin, et plus tard en 1142, à un autre acte souscrit par le comte de Tripoli, fils du même Raymond. Le nom et les armes d’Aycard de Fos, vicomte de Marseille, figure dans la salle des Croisades, au musée de Versailles.
La maison de Fos, par la multiplicité de ses branches qui se partagèrent entre elles les fiefs et les seigneuries, perdit sa richesse et son importance, et les guerres civiles de religion soulevées dans les provinces du midi de le France, foyer de ce vaste incendie, portèrent un rude coup à la fortune des descendants des puissants comtes d’Arles, anciens vicomtes de Marseille et marquis de Fos. Plusieurs d’entre eux, qui avaient embrassé le culte protestant, se virent dépouillés de leurs biens et chassés de leur patrie. L’un d’eux assistait à la reddition de la Rochelle, ainsi qu’on le voit dans l’histoire du siège de cette ville et dans un tableau que celle-ci a reçu de la magnificence royale. Leur malheur, en diminuant leur puissance, n’abattit point leur courage ; plusieurs donnèrent à la maison de nos rois des hommes d’armes et des officiers distingués ; d’autres brillèrent au premier rang parmi les magistrats du parlement de Toulouse. A une époque plus récente, nous voyons des membres de la maison de Fos parvenir, dans les armées impériales, aux plus hauts grades militaires. Plusieurs siègent aujourd’hui à la chambre des députés, et l’un d’eux, lieutenant général, a été un de ses questeurs. Enfin, l’un des rejetons de cette famille, dont une branche est fixée à Saumur, a été admis, par bulles du 8 février 1840, dans l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
Illustre dès l’époque où les grands fondateurs devinrent possesseurs définitifs du sol dont ils n’avaient eu que le gouvernement temporaire, la maison de Fos, comme nous venons de le voir, n’a pas démenti pendant huit siècles sa noble origine. Les titres de comtes souverains d’Arles et de Provence, de vicomtes de Marseille, de marquis de Fos, de barons de Borme ont été successivement portés par ses membres, dont les descendants actuels sont d’autant plus fondés à en continuer la jouissance que, par lettres patentes royales délivrées à cette famille en date du 22 novembre 1844, Léopold II, prince impérial d’Autriche, prince royal de Hongrie, grand duc régnant de Toscane, en considération de la haute estime qu’il accorda à cette famille, l’éleva au rang de sa haute noblesse et de premier ordre.
Nous allons maintenant donner l’histoire et la généalogie des différentes branches de cette maison.
Les vastes Etats de Charlemagne ayant été divisés par Louis le Débonnaire la Provence avec l'Empire et la Bourgogne échurent à Lothaire, son fils aîné, qu'il avait déjà associé à la royauté.
L'Empereur Lothaire en mourant, fit un nouveau passage dans lequel Charles, son troisième fils, eut le pays compris entre le Rhône et la Méditerranée avec les comtés d'Uzès de Viviers et de Lyon. Ce royaume quitta alors le nom de royaume de Bourgogne pour prendre celui de royaume de Provence. Charles roi de Provence, étant mort sans postérité, ses deux frères l'empereur Louis, roi d'Italie, et Lothaire roi du pays d'entre le Rhin et la Meuse, se partagèrent ses Etats, Lothaire prenant le Lyonnais, le Viennois, etc., et Louis le comté d'Arles, etc. Ces derniers étant morts, Charles le Chauve, leur oncle, alla prendre à Rome la couronne impériale et à Pavie celle des Lombards et posséda dès lors l'ancien royaume de Provence tout entier dont il donna le gouvernement à Boson, comte de Vienne.
Boson était fils d'un Buwin comte des Ardennes. Il fut proclamé roi le 15 octobre 879 par les évêque, et son élection fut reconnue par les seigneurs. Boson mourut en 887 laissant de sa femme Hermengarde un fils nommé Louis et deux filles.
Quoiqu'il continua de posséder le royaume de Provence sous la tutelle de sa mère, le jeune roi ne prit pas le titre de roi. Ce ne fut qu'en 890, au concile tenu à Valence, qu'il fut proclamé roi, à l'age de quinze ans, par les évêques qui l'opposèrent à Rodolphe de Stratlingen qui avait été couronné roi de la Bourgogne transjurane dans La ville de Saint-Maurice, en Valais. Plus heureux dans la seconde expédition qu'il fit en Italie en 900 que dans celle qu'il avait entreprise l'année précédente, le roi Louis s'empara de Pavie, où il reçut de l'assemblée des seigneurs le titre de roi, et. étant entré dans Rome il obtint du pape la couronne impériale, vacante par la mort du roi Arnoult de Germanie. Ses succès ne furent pas de longue durée; Béranger son compétiteur l'ayant surpris dans Vérone, ne lui rendit la liberté qu'après lui avoir fait crever les yeux. Louis, surnommé l'Aveugle depuis cet évènement, conserva pendant toute sa vie le titre d'empereur et vécut à Vienne jusqu'en 923.
Louis étant mort, son fils, Charles-Constantin, relégué dans son comté patrimonial de Vienne, ne conserva pas même l'autorité de fait sur le royaume de Provence. Hugues, fils du comte d'Arles, qui, pendant la vie de l'empereur Louis, était en quelque sorte devenu son maire du Palais, retint le souverain pouvoir sans prendre le titre de roi. Ayant été appelé contre Rodolphe II, roi de la Bourgogne transjurane, qui venait de recevoir la couronne d'Italie, Hugues se rendit à Pise et de là à Pavie, où il fut reconnu roi en présence des seigneurs et des évêques. Hugues n'ayant eu qu'un fils, Lothaire, qui fut le dernier de race, à sa mort, arrivée vers 947, laissa pour héritière de ses trésors Berthe, sa nièce, veuve de Boson roi d'Arles.
Le roi Boson, comme nous l'avons vu plus haut, eut d'Hermengarde sa femme, outre l'empereur Louis l'Aveugle, deux filles dont l'une épousa un seigneur nommé Rotbold, par lequel nous commencerons cette généalogie.