GRAND DICTIONNAIRE HISTORIQUE
Louis Moreri – 1759
DES VICOMTES DE MARSEILLE
La ville de Marseille était unie à la France avant le partage des enfants de Louis le Débonnaire qui se fit à Verdun au mois d’août de l’an 843. Elle fut comprise dans le royaume de Bourgogne qui fut du partage de l’empereur Lothaire ; et après la décadence de cet état, elle suivit la fortune du reste de la Provence, sous les comtes qui s’en approprièrent le gouvernement.
Quelques auteurs prétendent que Bozon premier comte de Provence donna Marseille à un de ses frères nommé Pons. D’autres assurent que Bozon comte de Provence orientale et occidentale eut de sa femme Folcoare, Guillaume I qui vivait l’an 970, et Roubaud tige des comtes de Forcalquier, et Pons premier de ce nom, vicomte de Marseille.
Cette vicomté ne comprenait alors que la ville de Marseille et quelques terres voisines, mais dans la suite elle s’augmenta considérablement en sorte que les vicomtes acquirent tout ce qui était depuis les villes d’Hyères et de Toulon jusqu’à Martigues et à Fos le long de la mer, avec diverses autres terres.
Pons laissa vers l’an 980 Guillaume I qui suit, et Honoré évêque de Marseille l’an 962.
Guillaume I de ce nom, vicomte de Marseille, tomba dangereusement malade l’an 1004 et fit vœu de se faire religieux dans l’abbaye Saint Victor, ce qu’il exécuta peu après et mourut en réputation d’une grande piété. Ce prince avait épousé 1°) une dame que les anciens nomment Bilièle, 2°) une autre dite Ermengarde. De la première il eut Guillaume II qui suit, Foulques vicomte en partie de Marseille, mort en 1069 sans laisser d’enfant de sa femme nommée Odile, Pons évêque de Marseille, et Bilièle dont on ne connaît que le nom.
Guillaume II vicomte de Marseille, dit le Gros, fit de grands biens à diverses églises et mourut l’an 1047. Il épousa 1°) Acceline, et 2°) Etiennette, fille de Bertrand I comte de Forcalquier et d’Alix comtesse de Die.
Du premier lit il eut Guillaume III qui suit, Aicard vicomte de Marseille qui ne laissa qu’une fille dont le nom est inconnu, Pons évêque de Marseille en 1040, Foulques mort avant son père, et Geoffroi qui continua la postérité. Guillaume le Gros eut de son second lit Etiennette et Bertrand morts jeunes, et Pierre surnommé Saumade qui laissa postérité. On lui donna diverses terres mais il n’eut point de part à la vicomté.
Guillaume III surnommé le jeune mourut l’an 1065 ayant eu de sa femme Aldegarde Guillaume IV, Foulques, Geoffroi, Aicard, tous les quatre vicomtes de Marseille, morts sans enfants, et Pons II qui succéda à ses frères. Celui-ci prit alliance avec une dame site Salomé et surnommée Burgunda dont il eut Guillaume V et Foulques morts sans lignée.
La vicomté de Marseille fut alors réunie dans la maison de Geoffroi I de ce nom, fils de Guillaume le gros. Ce Geoffroi qui prend quelques fois le titre de Vicomte d’Arles épousa Rixende et mourut en l’année 1090, ayant eu
Geoffroi, mort sans alliance,
Aicard archevêque d’Arles l’an 1063,
Raymond évêque de Marseille,
Foulques religieux de Saint Victor,
Pierre aussi religieux dans le même monastère puis archevêque d’Aix l’an 1082,
Hugues-Geoffroi qui suit et
Pons III. Celui-ci vicomte en partie de Marseille et seigneur de Peinier, eut de Guerreiade sa femme, Aicard qui souscrivit au testament de Raymond de St Gilles comte de Toulouse, fait en Palestine un mardi 31 janvier de l’an 1105, et Geoffroi II vicomte de Marseille qui laissa Pons IV surnommé de Fos, père de Geoffroi Ivat, de Gui Camerlenc, de Guillaume de la Garde et de Pons de Fos, qui vendirent l’an 1215 Hyères et Brégançon aux citoyens de Marseille.
Hugues Geoffroi I de ce nom, vicomte de Marseille, fils de Geoffroi I, épousa Douce d’Adalberon, et mourut l’an 1150 ayant eu Raymond Geoffroi vicomte de Marseille. Celui-ci laissa de Pontia sa femme Hugues Geoffroi II qui suit, Bertrand dont on ne connaît que le nom, et Geoffroi qui eut de sa femme nommée Sarde, Geoffroi et Hugues dont les alliances ne sont pas connues.
Hugues Geoffroi II du nom, vicomte de Marseille, seigneur de Trets, mourut l’an 1170 laissant de sa femme nommée Cécile cinq fils qui partagèrent la vicomté de Marseille savoir :
Ainsi cette vicomté devenue libre, fit alliance avec Gayette l’an 1208 et avec Pise l’an 1210, et avec les Génois même. Mais Charles Ier de France, roi de Naples, comte de Provence, ayant pris Arles et Avignon, qui s’étaient rendus républiques, résolut de se soumettre aussi Marseille : ce qui obligea les habitants de lui remettre la seigneurie de leur ville par traité de l’année 1257. L’évêque y était seigneur d’une partie qu’il échangea avec le même prince en la même année. On accorda divers privilèges aux habitants qui furent exempts de taille, ban et arrière-ban etc. Leur ville était un corps particulier séparé de celui du pays de Provence.